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Par Serge Thiam, directeur des opérations eGouvernement Afrique, Sofrecom

L’eSanté (ou santé numérique) regroupe plusieurs domaines de la santé, de la télémédecine aux objets connectées pour la prévention en passant par la robotique médicale. C’est un secteur en pleine expansion. Elle constitue un formidable levier d’inclusion pour les millions de personnes à travers le globe les plus éloignées de l’accès aux soins.

L’accès aux soins reste un problème majeur

À l’échelle du globe, un enfant sur cinq ne reçoit pas les vaccins essentiels, Dans le cas de l’Afrique de l’ouest, c’est un enfant sur 6 qui n’atteint toujours pas l’âge de 5 ans.

La couverture santé n’est souvent accessible qu’à une élite.

La majeure partie des familles en Asie du sud et en Afrique (9 Africains sur 10 n’ont pas de couverture santé) rencontrent des difficultés financières pour accéder à un système de soins correct, certains vont même jusqu’à s’endenter. Dans des pays développés comme les États-Unis, le coût des soins et le suivi médical sont faramineux.

Sur le continent Africain, les principales causes de décès sont représentées en majeur partie par les maladies diarrhéiques, la pneumonie, le VIH et certaines maladies chroniques. L’heure est donc à l’amélioration de l’accès à l’information en termes de prévention et surtout à la prise en charge des patients de cette zone, pour laquelle, il y a à peine 10 lits pour 10.000 habitants, comparé à la communauté Européenne qui en compte 63.

Les zones touchées par les déserts médicaux gagnent du terrain à un tel point qu’il faut compter 2 médecins pour 10.000 habitants en Afrique, contre 32 pour 10.000 en Europe.
Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), il manque à l'Afrique et à l'Asie deux millions de professionnels de santé pour pouvoir assurer des soins aux populations.

L’eSanté : l’explosion des thérapies numériques !

De nos jours, les réseaux mobiles évoluent et la connectivité enrichie est devenue une réalité.
L’eSanté bénéficie de toutes les avancées technologiques permettant une accélération et une diversification des services entre hôpitaux, professionnels et patients dans les pays développés maitrisant leurs systèmes de santé.

Elle permettra à coup sûr, de libéraliser l’accès aux soins dans les pays en voie de développement.

En Europe, cela se traduit par une augmentation des thérapies numériques qui traitent, préviennent ou encore gèrent des patients souffrant d’une maladie ou d’un trouble de la santé.

Par ailleurs, le jeu vidéo est également compté parmi les thérapies non médicamenteuses permettant d’aboutir à des résultats surprenants pour  la motricité, le repère spatial, les réflexes, la rapidité, la mémoire liée à des maladies du type Alzheimer.

L’ensemble des thérapies numériques (logiciels augmentant ou remplaçant les thérapies traditionnelles) devrait connaître une croissance spectaculaire de son marché qui atteindra 32 milliards de dollars en 2024, sachant qu’il représentait à peine un peu plus de 2 milliards de dollars en 2019. L’eSanté dans sa globalité, devrait atteindre 234,5 milliards de dollars en 2023 selon le rapport « Global Health Outlook 2020 ».

De nombreuses initiatives de l’eSanté en Afrique

L’Afrique quant à elle, connait un bel essor de l’écosystème du téléphone mobile avec des projets d’envergure liés aux développements d’infrastructures de qualité qui sont adaptées aux évolutions technologiques, profitant ainsi au secteur de l’eSanté.

Plusieurs initiatives ont vu le jour ces dernières années :

  • La Télémédecine en Tunisie pour pallier au manque de médecins spécialisés et réduire ainsi les déserts médicaux
  • Les couveuses connectées au Cameroun où un prématuré a 12 fois moins de chance de survivre qu’en Europe.
  • La couverture santé par la souscription à une assurance via le mobile au Kenya.
  • Les programmes de sensibilisation et d’information sur les questions de santé par des SMS et messages vocaux au Burkina.
  • La valise de télémédecine connectée et équipée d’un échographe pour les consultations prénatales au Sénégal.

Les études montrent que la crise sanitaire a accéléré la prise de conscience des gouvernements sur les questions relatives au secteur de la santé, notamment sur les enjeux suivants :

  • Améliorer et permettre à tous d’accéder aux infrastructures de santé qui sont en général concentrées dans les centres urbains,
  • Éviter les  déplacements contraignants et coûteux des patients situés dans les zones reculées,
  • Faciliter la prise de rendez-vous auprès des professionnels.

La gestion du dossier médical : nouveau défi pour l’eSanté

Au-delà de ces aspects, de nouvelles questions se posent : la gestion du dossier médical impliquant la centralisation d’une quantité importante de données reste une question sensible pour laquelle des solutions idoines doivent être trouvées.

Les opérateurs multiservices sont face à d’innombrables opportunités B to B to C qui pourraient voir le jour et s’adapter à la maturité eSanté des états.

Le paysage se transforme. Par exemple, le Groupe Orange vient de regrouper ses activités eSanté  au sein de sa filiale Enovacom (depuis Octobre 2020) afin de répondre à quatre principaux enjeux :

  • La Protection Des Données De Santé,
  • Les Echanges Et Le Partage Entre Acteurs De L'écosystème Santé,
  • La digitalisation du Parcours Patient,
  • L'exploitation des données de santé.

Le développement des solutions d’eSanté constitue une formidable opportunité pour les personnes les plus éloignées du système de santé, leur permettant d’accéder à une meilleure prise en charge.

Par ailleurs, les questions liées à l’interopérabilité des systèmes d’information de Santé sont en train d’émerger. Cela devrait permettre à plusieurs états d’atteindre le degré de maturité tant attendu !

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