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Dans cette interview exclusive, Mounir El Aichaoui, directeur des réseaux mobiles pour l'Afrique du Nord et de l’Ouest chez Nokia, a mis l’accent sur les dernières avancées technologiques et stratégiques de l'entreprise dans la région, ainsi que son engagement en matière de responsabilité sociale et environnementale.

Quels sont les derniers services lancés par Nokia et qui profitent au continent africain ?

De nombreuses innovations et solutions ont été introduites récemment. Premièrement, nous avons le NICE un outil qui permet aux opérateurs de prédire la demande sur le réseau et d'y répondre manière proactive. Il a été développé par notre équipe de planification et d'optimisation des réseaux mobiles, et utilise des données extraites de l'OSS et les informations de crowdsourcing telles que Tutela dont les données sont exploitées à l'aide d'algorithmes de machine learning.

C'est un atout précieux pour nos opérateurs, surtout dans les régions confrontées à des revenus moyens par utilisateur (ARPU) faibles et à des contraintes budgétaires. En effet, il les guide dans l'allocation efficace de leurs ressources, en identifiant les zones nécessitant des améliorations en termes de compétitivité et en fournissant une vision précise de la réalité sur le terrain, notamment là où la demande des utilisateurs n'est pas satisfaite. Ces informations permettent à nos clients de diriger leurs investissements vers les zones et les technologies les plus appropriées. Cette solution est la première que nous avons déployée dans toute la région du Moyen-Orient et de l'Afrique, y compris en Afrique du Nord-Ouest.

La deuxième innovation dont je souhaite parler, est notre solution pour les zones rurales, appelée RuralConnect. Basée sur notre infrastructure RAN de Nokia, elle a été développée comme son nom l’indique pour les zones rurales. Elle utilise l'énergie solaire, les solutions de transmission, que ce soit micro-ondes, relais UE de Nokia, ou satellite, ainsi que des solutions de travaux civils sans béton pour les mâts pouvant mesurer entre 10 et 20 mètres de haut, c’est-à-dire qu'ils peuvent être déployés très rapidement, mais aussi être redéployés en cas de besoin. Ainsi, dans une zone rurale, cela serait utilisé pour démarrer un service et, au fur et à mesure que ce dernier se développe, il peut être remplacé par de nouveaux sites. En outre, grâce à cette solution, les tours sans béton peuvent être démantelées et redéployées ailleurs selon les besoins.

Comment Nokia intègre-t-il les initiatives environnementales pour réduire son impact écologique et promouvoir la durabilité dans ses opérations, notamment en Afrique ?

La stratégie ESG -critères environnementaux, sociaux et de gouvernance- de Nokia ne se limite pas à l'Afrique, mais constitue un pilier essentiel de notre stratégie d'entreprise globale. Nous sommes convaincus qu'il n'y a pas de progrès environnemental sans progrès numérique. Cette conviction est au centre de nos efforts de numérisation. En effet, nous considérons que le ESG est un moteur de création de valeur et de diversification des sources de revenus. Maintenant, dans le cas de l’Afrique, objet de votre question, nous articulons notre stratégie sur deux axes principaux.

Tout d'abord, nous nous engageons dans la préservation de l'environnement et dans la réduction de la consommation énergétique grâce à des initiatives telles que notre nouvelle solution AirScale. Cette solution est équipée d'un système sur puce permettant d'économiser entre 20 et 40% d'énergie.

Le deuxième axe de notre approche est le réseau cognitif d'auto-optimisation communément appelé CSON. Cet outil intègre un modèle d'économie d'énergie qui analyse le comportement du site par rapport au trafic, puis ajuste l'utilisation de l'énergie en conséquence, permettant ainsi des économies significatives. Nous avons récemment déployé cette solution pour notre client Orange, afin de fournir des fonctionnalités de veille prolongée visant à améliorer leur efficacité énergétique.

Par ailleurs, nous mettons l'accent sur la circularité, en recyclant et en réutilisant les composants usagés plutôt que de les jeter. En Égypte, par exemple, nous avons collaboré avec l'ONUDI- Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel, Orange Égypte, Sofrecom et d’autres partenaires pour construire un centre de remise à neuf, dans le but de récupérer d'anciens équipements, de les recycler et les remettre à neuf.

En outre, nous travaillons en partenariat avec un important opérateur africain pour promouvoir la réutilisation d'équipements remanufacturés dans le cadre de sa stratégie et de ses programmes d'approvisionnement. Toutes ces innovations montrent à quel point nous sommes sérieux dans nos engagements en matière de ESG.

En quoi les services de Nokia sont-ils uniques par rapport aux autres acteurs du marché ?
La spécificité de Nokia dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique réside dans notre engagement à être le partenaire privilégié de nos clients, une valeur fondamentale que nous défendons avec conviction, aussi bien en interne qu'en externe. Tout d'abord, nous nous engageons à fournir à nos clients le bon équipement, au bon prix, avec une livraison impeccable. Deuxièmement, nous assumons le rôle de conseiller vers lequel les clients se tournent pour des questions stratégiques ou des attentes futures. Troisièmement, nous attachons une grande importance à la protection des intérêts de nos clients en matière de conformité, d'éthique et de sécurité. Chez Nokia, la sécurité et la protection de nos employés, de nos sous-traitants et de nos clients, notamment dans des régions de l'Afrique où les risques sont élevés, sont des priorités absolues. Nous sommes fermement convaincus de l'importance de dialoguer longuement avec nos clients afin de prévenir tout risque potentiel pour leur réputation, leur conformité ou leur sécurité. Nous estimons tout simplement que la valeur de la vie humaine est inestimable.

Quelles tendances futures prévoyez-vous pour les réseaux mobiles en Afrique du Nord-Ouest ?

Lors de mes réunions avec nos clients en Afrique du Nord-Ouest, trois tendances émergent et se reflètent dans leurs stratégies. Tout d'abord, la 5G reste une grande priorité, bien que sa pleine adoption ne soit pas imminente. Je prévois son déploiement vers 2025 ou 2026, étant donné qu'elle figure sur l'agenda de nombreux CTOs et CEOs. Les défis résident dans un déploiement rentable, des cas d'usages adaptés aux marchés locaux et la gestion des investissements.

En outre, la connectivité des non-connectés demeure un enjeu majeur en Afrique, où le besoin de sites ruraux et de services universels reste crucial pour combler le fossé numérique. Un de mes clients au Sénégal m'a récemment dit que chaque fois qu'ils activent l'un de leurs sites ruraux, il est immédiatement utilisé à pleine capacité. Il existe donc clairement un besoin de connectivité dans les zones rurales. Ce qui est également très important, c'est l'impact que cela a sur ces petites communautés, car en les connectant, nous leur donnons accès à des services tels que les services bancaires, auxquels ces communautés n'ont même pas accès.

Enfin, les opérateurs se tournent de plus en plus vers les entreprises (B2B) pour diversifier leurs sources de revenus, car ils ne peuvent pas augmenter les prix unitaires de communication. L'industrialisation et la croissance du secteur B2B sont donc des priorités pour répondre à ce besoin de diversification des revenus.