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Il va sans dire que la 5G est devenue une réalité, la répétition de ses avantages et la manière dont elle changera nos vies s’avère être inutile à ce stade. Toutefois, ce qu’il est nécessaire d’aborder est l’impact de cette technologie, ou plutôt l'exposition aux radiofréquences, qui provoque des craintes surtout dans les pays où elle a déjà été déployée.

Pour augmenter le volume de données, cette 5ème génération utilisera une bande de fréquences plus haute que celle de la téléphonie mobile actuelle : à partir de 3,4 GHz d'abord puis, à terme, au-dessus de 26 GHz. Mais plus la fréquence est haute, plus la portée des ondes est courte. C'est pourquoi son déploiement nécessitera d'augmenter le nombre d'antennes, une perspective qui inquiète certaines ONG.

« Malgré de nombreuses recherches, rien n'indique pour l'instant que l'exposition à des champs électromagnétiques de faible intensité soit dangereuse pour la santé humaine », souligne l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Cette absence d'effet avéré à court terme vaut, « pour les différentes sources d'expositions, les téléphones mobiles étant parmi les plus présentes en nombre et en intensité », explique Olivier Merckel, expert de l'agence de sécurité sanitaire française Anses qui a publié en 2013 une évaluation des risques liés aux radiofréquences.

Néanmoins, certaines études évoquent « une possible augmentation du risque de tumeur cérébrale, sur le long terme, pour les utilisateurs intensifs de téléphones portables », rappelle l'Anses. C'est pourquoi le Circ, l'agence de l'OMS spécialisée dans le cancer, a classé en 2011 les radiofréquences comme « peut-être cancérogènes pour l'homme », en recommandant les kits mains libres pour les portables. Par ailleurs, dans un rapport de 2016, l'Anses a estimé que les ondes des portables, tablettes ou jouets connectés pouvaient avoir des effets sur les fonctions cognitives - mémoire, attention, coordination - des enfants. Elle a recommandé de limiter leur exposition.

Les bandes de fréquence grâce auxquelles on commence à déployer la 5G, environ 3,5 GHz, « sont proches de celles utilisées actuellement pour la 4G ou le Wifi », note Merckel. En revanche, c'est différent pour les bandes qui seront utilisées ensuite, à partir de 26 GHz ou ce qu'on appelle la 5G millimétrique.

« A partir de 10 GHz, l'énergie électromagnétique ne pénètre pratiquement plus dans le corps mais est concentrée au niveau de la peau : ce qui pose des questions différentes en matière d'effets potentiels sur la santé », explique Merckel.

En 2012, l'Anses a évalué les risques de scanners corporels utilisés dans les aéroports, qui fonctionnent également avec des ondes millimétriques. Les résultats ont montré que ce type de scanner ne présenterait pas de risque pour la santé. Mais si les ondes sont de même type, l'usage est différent : avec la 5G, l'exposition du public sera beaucoup plus large.

Selon Merckel, l’Anses s'apprête à lancer une expertise sur les effets potentiels spécifiques des signaux 5G sur l'homme, et espère la conclure fin 2020.

Dans une entrevue avec Telecom Review, Bilel Jamoussi, chef du département des groupes d’études au Bureau de normalisation des télécommunications de l’UIT, a présenté  l’effet secondaire des radiations émises par la 5G sur la santé humaine et a expliqué le rôle de l’UIT dans ce contexte.

« Récemment, afin de planifier le grand débat de la 5G et la fréquence électromagnétique, le groupe d’étude 5 a mis en place un rapport qui traite de la question de la fréquence électromagnétique dans le contexte de la 5G. Nous avons utilisé des antennes MIMO et des fréquences plus élevées, créant ainsi un réseau plus dense ayant plus de radio afin d’étudier l’impact », a-t-il souligné.

Bilel Jamoussi a en effet expliqué que l’Union développera les recommandations nécessaires au moment où la Commission internationale sur la protection contre la radiation non-ionisante (ICNIRP) publie la nouvelle série de limites d’ici fin 2019. Notons que la Commission est formée par des experts dans les domaines de la santé et des TIC qui se réfèrent à l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

 

Manifestations contre la 5G

La Suisse est l'un des premiers pays au monde à s'être lancé dans la 5G ; toutefois les opposants à cette 5ème génération en Helvétie craignent les effets des rayonnements électromagnétiques de cette technologie et plusieurs cantons, mis sous pression par des pétitions en ligne, ont gelé les procédures pour la construction d'antennes, au nom du principe de précaution.

Plusieurs milliers de personnes ont cette année manifesté en septembre à Berne, sa capitale, pour s'opposer à son déploiement dans le pays. « Boycott 5G » ou « Toujours plus vite, plus haut, plus loin, au détriment de l'homme et de l'Environnement, Stop 5G », pouvait-on lire sur les pancartes déployées par les manifestants,  face au siège du Parlement suisse, pour dénoncer une technologie jugée nocive pour la santé.

« Qu'aujourd'hui, autant de personnes se soient rassemblées, c'est un signe fort contre l'introduction incontrôlée de la 5G », s'est félicitée Tamlin Schibler Ulmann, la co-présidente de Frenquencia, l'association à l'origine du rassemblement.

Il en va de même au Royaume-Uni où l’effet de la 5G sur la santé a suscité des craintes à Glastonbury, Frome et Brighton & Hove. Plusieurs conseils concernés ont réclamé de bloquer la 5G à cause des campagnes lancés par des citoyens sur ce sujet.

Matt Warmen, ministre pour le numérique et le haut débit au Royaume Uni, a appelé à s’abstenir de bloquer la 5G sans avoir une preuve  formelle de ses risques sur la santé. Dans une réunion gouvernementale, il a précisé : « la santé sera toujours un élément primordial  alors que nous déployons de nouvelles technologies et innovations, toutefois, aucune preuve  n’existe actuellement qui justifie les craintes  de l’utilisation de cette 5ème Génération. Nous espérons dissiper les mythes et rassurer le public en présentant  les preuves nécessaires. Il ne faut pas oublier les avantages de la 5G  se répercutant sur la vie du peuple et également de l’économie. »