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Rédigé par David Erlich, directeur conseil chez Sofrecom

A ce jour, l’impact épidémiologique dans les pays émergents n’est pas encore connu. Il ne fait aucun doute que la mise en place de mesures de confinement dans 39 pays d’Afrique (chiffre au 14 avril) et de limitation des déplacements dans la plupart des autres aura un énorme impact sur les sociétés. Des premières leçons peuvent déjà être tirées de l’Europe.

 

Le télétravail comme réponse à la crise sanitaire

En France, les mesures de confinement avaient plongé au 20 avril dans le chômage partiel près de 9,6 millions de personnes, soit près de 30% de la population active qui est très majoritairement composée de salariés.

L’étude worklife d’ITWP couvrant 5000 répondants issus de 7 pays et de 3 continents estime que 42% des salariés interrogés travaillaient désormais de leur domicile alors que 31% continuaient à se rendre sur leur lieu de travail habituel.

 

Deux socles essentiels : réseaux et digitalisation des services

Les infrastructures de télécommunications en Europe et les outils digitaux ont ainsi permis à la majorité des « cols blancs » de continuer à rester actifs, 85% estimant que leurs conditions de travail étaient satisfaisantes. Parmi les télétravailleurs, les ¾ découvraient pour la première fois ce mode de travail.

Les facteurs qui ont permis cette bascule sont à la fois :

  • la qualité des infrastructures de télécommunications
  • la digitalisation de l’économie.

Ainsi, des équipements très hauts débits monétisés par des services de divertissements sont devenus en quelques jours l’artère vitale d’une grande partie de l’économie. Cela valide aussi une vision holistique de l’économie digitalisée où l’importance est d’avoir accès à la connectivité la plus performante, en toutes circonstances et pour tous.

 

Quel impact du COVID-19 sur les réseaux des pays émergents

Pour les pays en voie de développement, on peut aborder, sous deux angles, la déclinaison de la crise.

Pour la partie de la population dont l’activité est compatible avec le télétravail, cela va conduire en premier lieu à une accélération de la demande en fibre et en haut débit mobile. Tous ceux qui trouvaient les abonnements onéreux mais toutefois accessibles et qui avaient opté pour des solutions de moindre qualité, arbitrent en faveur de leur connectivité. Pour rappel, le coût d’un accès fibre en Afrique oscille entre 25% et 300% du PIB par habitant annuel. 

Alors que les déploiements de fibre concerneront les niches des quartiers aisés des centres urbains et les zones d’implantation des entreprises. Les déploiements mobiles et les possibles leapfrog de technologies concerneront plus largement les centres villes et probablement les grandes routes nationales/axes routiers (exemple : couverture 4G sur les principales routes de Mauritanie). Pour cette première cible de déploiement, les infrastructures pourraient être financées par les opérateurs grâce à une augmentation de la demande générée par les nouveaux usages liés à la crise sanitaire. Les bailleurs de fonds seront également mobilisés pour accélérer des projets dont ils étaient déjà partie prenante.

 

Crise du COVID-19 : que retenir ?

Ce que la crise du coronavirus a montré c’est que dans un monde aux échanges mondialisés/globalisés, les nouvelles crises épidémiques ne peuvent plus être circonscrites géographiquement. Les mesures de confinement et de fermeture des frontières présentant un coût exorbitant pour les économies, il est indispensable de contrôler la situation sanitaire partout dans le monde.

Les télécommunications mobiles et les services digitaux sont alors un volet indispensable de la résolution de la crise sanitaire.

Ils ont joué, en particulier en Asie, un rôle primordial dans l’identification et le traçage des malades, ou des contacts potentiels avec des personnes contaminées. Ils sont également utilisés en prévention comme source d’information.

Le mobile est aussi un outil fondamental de distanciation sociale. La télémédecine n’est plus seulement un moyen de soigner des populations isolées, mais devient une mesure de protection du personnel soignant très exposé. Plus généralement, les télécommunications peuvent sécuriser physiquement tous les échanges d’argent, et les échanges de documents. Ainsi le triptyque mobile ID, mobile money et e- gouvernement, qui étaient associés au développement, revêt-il avec le COVID -19 un volet sanitaire.

On peut penser que les financements internationaux portant sur la santé vont se renforcer sur les services et les applications, mais aussi se porter sur les infrastructures.

Le mobile associé à des services digitaux minimums d’identification, de paiement et d’échanges, serait-il en train de devenir un service mondial universel ?

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