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A défaut d'investir dans le secteur agricole et technologique dans le but de soutenir une productivité efficace, le potentiel de l'Afrique en tant que « grange du monde » risque d’être menacé. Face à la guerre de la Russie contre l'Ukraine ayant pesé de tout son poids sur les approvisionnements alimentaires, au déchainement du Covid-19 et à l'accélération des températures mondiales, la productivité des systèmes alimentaires africains s’avère être aujourd’hui plus que jamais d’une importance vitale.

La population active de nombreux pays développés aussi bien en Europe qu’en Asie de l'Est qui comptent de nos jours parmi les plus productifs, sera jusqu’en 2050 menacée de vieillissement. A en croire l'ONU, l'Italie serait en manque de 13 millions de personnes en âge de travailler, avec 10 millions pour la Corée du Sud de 10 millions. Les nombreux pays disposant d’une croissance en population active se concentreront en Afrique, mais toutefois avec les rendements alimentaires les plus faibles qu’ils produisent par hectare à l'échelle mondiale.

Près de 60 % de la population active se concentrerait, selon la Banque mondiale, dans le secteur agricole de l’Afrique subsaharienne. Si l'Afrique réussit à réaliser une croissance de sa productivité, s’ensuivra un cercle vertueux de croissance économique qui sera instauré grâce à ce changement démographique futur, ce à quoi il faut ajouter d’autres vertus telles que la création d'emplois, l'augmentation des revenus et la sécurité alimentaire. Une population active en plein épanouissement exerçant des emplois peu productifs, et en présence d’une alimentation malsaine serait un motif de mécontentement.

Rendements et Financements

Un écart de 90 % sépare les rendements moyens des agriculteurs de ceux des agriculteurs les plus productifs en Afrique, ce qui donne à déduire que l'Afrique aura des chances de pourvoir à ses besoins en termes d’alimentation et de s’imposer comme exportateur de taille de produits alimentaires si l'agriculteur moyen peut allouer son investissement et permettre à son rendement de s’élever au niveau de celui des plus productifs.

Pour ce faire, les agriculteurs auront accès à des variétés de meilleures céréales, à des engrais et à un outillage pour obtenir une productivité accrue. Selon les prévisions de la Banque Africaine De développement, le marché de l'agriculture en Afrique effectuerait un bond de 280 milliards de dollars en 2023 à 1 billion de dollars d'ici 2030. En termes plus clairs, les banques africaines sont inaptes à prêter aux agriculteurs. L’écart des données est flagrant : l'agriculture contribue jusqu’à concurrence de 29% au PIB total de l'Afrique, mais un taux de 3% des prêts bancaires lui est malheureusement octroyé. Ce financement agricole accuse un écart de 240 milliards de dollars pour l'ensemble de l'Afrique, et de 13 milliards de dollars dans les principaux marchés agricoles de l'Afrique de l'Est.

Le défaut de financement par les banques se poursuit il y a de nombreuses années de cela puisque, conscients du risque qu’elles peuvent courir, elles sont fort réticentes au financement des petits agriculteurs, ou peuvent leur exiger d’hypothéquer leur terre dont la valeur pourrait souvent être bien supérieure à celle du prêt - en garantie. Cela met hors de question l’octroi de prêts pour les investissements commerciaux qui pourraient se révéler être énormément différents dans la production agricole.

Des smartphones et des comptes d'argent obtenus au portable donnent accès à un nombre grandissant d’agriculteurs, faisant du financement une opération plus fluide et praticable. De 30 millions en 2012, le nombre de comptes d'argent mobile en Afrique a effectué un bond à 560 millions en 2021. Cette croissance spectaculaire a aidé de nouveaux prêteurs à établir un pont avec les petits agriculteurs puisqu’ils vont leur proposer au portable des financements, les autonomisant ainsi en matière d’investissements cruciaux et mesurés au chronomètre et, par la suite, ouvrant la voie à l’augmentation considérable de leur productivité.

La qualification des prêts

Des start-ups telles qu'Emata en Ouganda proposent des solutions. Pour Emata, les agriculteurs méritent d’être acclamés pour les entrepreneurs et producteurs qu’ils sont, et propose d’entrer en association avec des coopératives agricoles et de laisser les agriculteurs utiliser leur background de production au sein de la coopérative pour servir de preuve qui les qualifiera à l’octroi des prêts.  Au lieu de lutter contre les prêteurs, les agriculteurs utiliseront un processus selon lequel une demande de cinq minutes serait faite au portable. Avec un tel financement, ils pourront se permettre de s’acheter de meilleures semences, des engrais ou un nouvel outillage en vue d’une productivité accrue. Il s’en est suivi que cette solution a enregistré un taux remboursement de 95%.

Des sociétés d’assurance innovatrices telles que AcreAfrica et Pula révolutionnent l’assurance météo, et d'autres relient les exploitations aux marchés grâce à la technologie, contournant ainsi les intermédiaires financiers infructueux. Cependant, des défis se sont dressés au-devant du chemin des entrepreneurs et innovateurs africains. Bien que les réalités démographiques aient été plus hautes communiquées, l'Afrique bénéficie de la bagatelle de 1% environ du financement mondial du capital-risque, et s’il lui arrive quoi que ce soit d’un tel pourcentage, ce sont les quelques pôles technologiques qui en seront les bénéficiaires.

Les approches basées sur la technologie privilégient des solutions africaines localisées, économiquement viables avec forte chance d’évoluer, préparées à la base en remplacement de l'approche de développement central et vertical

En dotant l’Afrique d’un formidable potentiel agricole et les agriculteurs d’une autonomie grâce à la technologie, l'écart constaté en termes de rendement peut être enrayé, et une série d’étapes de croissance vertueuse enclenchée. L'Afrique en sera bénéficiaire et, par le fait même, tous les autres.

 

By Elza Moukawam, Journalist, Telecom Review

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